J’espère que vous avez apprécié ces deux premiers jours en terres languedociennes (le premier jour est ici, le second là). Si c’est le cas (et je n’en doute point…ou du moins je l’espère !), faites attention, car cette troisième va vous bouleverser…

Domaine Lisson à Olargues

lisson_olarguesPlus qu’un Domaine, Lisson, c’est un tout. Lisson, c’est 1,5 hectare de vigne en terrasse au bout du chemin de Lisson (quand on en parle à la voiture, elle s’en souvient encore la pauvre…). A ses pieds la bâtisse où vit Iris, qui a su donner une âme et une énergie fabuleuse dans ce lieu.

L’encépagement ? Mourvedre, cabernet-sauvignon, merlot, petit verdot, et même un pinot noir sur les hauteurs fraîches de la colline. Clos de l’échelle (qui porte très bien son nom quand on voit la pente), clos des cèdres, clos du curé, les parcelles sont bien délimitées, et donnent des vins puissants, avec leur petit caractère bien à eux. A l’image de celle qui leur donne vie.

Iris s’est installée à Lisson il y a 35 ans avec son mari Claude. Le terrain a été défriché 10 ans plus tard, et les premières plantations datent de 1991. Logiquement, la première mise en bouteille date de 1996 et depuis, c’est une production confidentielle de 300 à 1500 bouteilles (en fonction du climat et de l’appétit des sangliers) qui est produite au domaine.

Mais assez parlé, goûtons !

Clos du Curé – 2001

Un vin 100% pinot noir très charmeur dans lequel les fruits noirs, le cuir et les notes de torréfaction cohabitent en parfaite harmonie. Le vin ne se prive cependant pas d’une très grande netteté ni d’une belle longueur en bouche. Un merci du fond du coeur à Iris qui a ouvert une de ses dernières bouteilles de cette cuvée pour nous la faire découvrir, c’était magique 🙂

Clos des cèdres – 2010, 2007, 2002

lisson_degustationVerticale complètement folle sur cette cuvée à base de mourvèdre (mon Dieu, que j’adore ce cépage). Beaucoup de volume donc en général sur cette cuvée, des épices et des tanins costauds. En 2010, on garde une certaine discrétion (le millésime était plus frais), et les tanins puissants ont encore besoin de patine.

2007 est une petite perle, qui offre une exubérance aromatique qui n’a d’égal que son acidité très marquée. Un équilibre original rendant le vin somptueux. 2002 enfin nous montre vers quoi pointent ces vins qui méritent de vieillir : les arômes sont fondus tout en restant croquants, les tanins sont soyeux et la finale longue. L’apogée est proche, et le plaisir bien présent.

Domaine Lisson, Iris Rutz-Rudel, Lieu dit Lisson 1, 34390 Olargues

Mais on ne peut parler d’Iris sans parler de Véronique, donc prenons la voiture et hop, courons (ou plutôt roulons vite, car on n’est pas vraiment en avance !) à Cabrières voir son domaine…

Domaine du Mas Coris à Cabrières

mas_coris_vignes_1Le Mas Coris donc, c’est le domaine de Véronique et Jean. Posté au pied du Pic Saint-Loup, le domaine produit depuis 2009 (on va fêter le 5e millésime l’année prochaine !) quelques petites perles à découvrir à partir de ses 3,91 hectares de très vieux schistes.

Les vignes et les vins sont (très) bien traités avec un respect de la terre et du fruit. Pour y avoir traîné mes guêtres avec Véro, je peux vous le confirmer ! Des sols vivants, des vignes qui le sont tout autant, cela fait plaisir à voir. Bon par contre, pour y accéder, le 4×4 est nécessaire. Face aux pentes (déjà que sur l’autoroute, la Corsa avait du mal à plafonner à 130 en montée) et aux nids de poules, jamais une voiture de citadin ne serait passée par ici…

Les vins du domaine offrent toujours une grande profondeur et une belle fraîcheur, tout en étant faciles à boire. Bref, quelque chose de bon !

mas_coris_gammeBouteille à la mer 2012

Assemblage de syrah, cinsault et grenache, le vin se montre très gourmand, entre fruits rouges croquants et épices. Du volume, de beaux tanins, une belle longueur…cela rappelle de belles choses vues plus haut…

Pic de Vissou 2011

Assemblage de syrah et grenache ayant été élevés 12 mois en barrique, on y retrouve un côté un peu toasté, des fruits noirs et des épices. Le vin arrive à conserver une belle fluidité tout en ayant une magnifique corpulence. Très net, c’est un vrai plaisir et coup de coeur !

Domaine du Mas Coris, 34800 Cabrières

Enfin, comment ne pas résister quand on entend Véro nous dire : “Dès que j’ai une question, je la pose à Jeff !”. Qui est ce Jeff ? Ce n’est autre que Jeff Coutelou, du Mas Coutelou. Nous allons donc le rejoindre derechef (et nous étions à la bourre, car Olargues => Cabrières => Puimisson, c’est quand même au total 1h30 de bagnole, alors quand vous restez manger chez Iris, puis que vous vous baladez dans les vignes avec Véro, bah il reste plus bésef de temps…).

Mas Coutelou à Puimisson

Le Mas Coutelou, c’est toute une histoire. Une histoire de famille comme en témoignent ces vieux grenaches élevés en solera depuis parfois plus de 50 ans. Paisiblement, ils vieillissent, se bonifient dans la cave du domaine, et seuls quelques rares privilégiés auront la chance d’en avoir une bouteille. Je vous promets, après en avoir goûté quelques-uns, une bouteille avec cette étiquette devient un vrai rêve pour vous…

mas_coutelou_vieux_grenache_1Un domaine en respect avec la nature

Mais le Mas Coutelou, ce ne sont pas que ces grenaches. Ce sont au total 13,5 hectares de vignes autour de Puimisson, tous en biodynamie et traités avec amour. Il suffit de se promener dans les vignes avec Jeff pour voir à quel point il connaît ses vignes, et à quel point il aime s’en occuper, ainsi que de tout ce qui les entoure.

Car les vignes ne sont pas les seules locataires des terres du domaine, puisqu’elles y côtoient quelques oliviers et un figuier majestueux qui semble avoir tout compris. Regardez-le bien, il sépare deux terrains. D’un côté, celui de Jeff, où le sol et ses fruits sont bichonnés. De l’autre, un champ où la chimie et la mécanisation semblent avoir gagné la bataille. Et bien ce figuier est mort d’un côté, et respire la santé de l’autre, produisant au-dessus des vignes de Jeff des figues savoureuses et en pleine santé. Comme quoi, la nature sait reconnaître les siens.

Ces vignes, ce figuier, nous les avons découverts avec Jeff et Icare (le chien de Jeff) durant ces quelques heures de la journée qu’il nous restait. Une très jolie balade donc, magnifique découverte des vignes vivantes (par rapport à celles des voisins). Le tout avec un Icare posé sur nos genoux dans la camionnette. Bref, le bonheur on vous dit !

mas_coutelou_figuier

Merci à Paco de la Cave d’Ivry pour cette photo de ce magnifique figuier !

Des vins originaux et superbes

Au total au Mas Coutelou, ce sont plus de 15 cépages différents qui poussent sur les terres du domaine, avec parfois des complantations (plusieurs cépages plantés ensembles sur la même parcelle) originales. Et chaque année, Jeff produit 600hl de vin en totale biodynamie et sans aucun souffre. Un sacré exploit quand on y pense.

Et les cuvées ? Quand vous les avez vues (et bues), vous ne pouvez pas les oublier. Par contre, elles ne sont pas sélectionnées par parcelles ou par cépage. Non, ici, le 7 rue de la Pompe, le Vin des Amis, Sauvé de la Citerne, Classe ou encore Flambadou sont définis selon un style. C’est comme on ressent le vin cette année. L’assemblage diffère donc, millésime après millésime, mais l’esprit reste le même pour chaque cuvée.

Mas Coutelou, 6 rue de l’estacarede, 34480 Puimisson

Un voyage à faire

Quelle 3e journée hein (on en avait plein les pattes) ? Et quel voyage en général (on en avait plein les mirettes) ? Croyez-moi, il y a des balades comme ça qui sont fabuleuses. Car on y découvre un terroir, une énergie, mais aussi les femmes et les hommes qui sont derrière ces flacons que l’on aime. Et on remarque que le vin est un assemblage de cela : un peu de terroir, beaucoup d’énergie, et le caractère de celui qui l’a conçu. Mettez tout cela dans un shaker (en inox ou barrique), secouez fort et vous comprendrez pourquoi le vin est magique.

Je ne remercierai jamais assez Christine, Catherine, Iris, Véronique, Lionel, Daniel, Jean et bien sûr Jeff de m’avoir permis de voir au-delà du bouchon, de l’étiquette. Merci de m’avoir présenté à leur sol, à leurs fruits, et à leur région qu’ils aiment. Bon courage à vous tous pour la suite, et je croise les doigts pour que les satanées inondations qui vous ont touchées cette année ne reviennent pas de sitôt). Et croyez-moi, un tel voyage, ça a un vrai côté magique…

P.S : Et merci à Steeve mon comparse de souffrances viticoles pour m’avoir supporté pendant tout le voyage 😛

Retrouvez l’album photo de ce 3e jour !